Efficacité des systèmes d’alerte de pics de pollution de l’air en Ile-de-France

by in Actualité 22 juin 2021

Une équipe de chercheurs de l’Inserm, en collaboration avec l’Université de Californie et l’Institut Pierre-Louis Epidémiologie et Santé Publique (IPLESP),  s’est penchée sur l’impact sanitaire des systèmes d’alerte de la population lors de pics de pollution atmosphérique. L’étude, publiée dans la revue Environment International, s’intéresse à la région Ile-de-France qui bénéficie depuis de nombreuses années de procédures d’alertes et d’informations contre les pics de pollution atmosphérique, y compris pour la période la plus récente, pour les pics de pollution et les particules fines PM10. Même si les niveaux de fond de PM10 ont baissé au fil des années, les concentrations observées dans l’agglomération parisienne restent encore parmi les plus élevés des villes de l’Union Européenne. La nature et la fréquence des procédures d’alertes ont été examinées et ont été mises en relation avec des indicateurs de santé en population générale et pour les personnes âgées. Ce travail a pu être réalisé en exploitant des données compilées de 2000 à 2015 par Airparif et par le Centre d’épidémiologie sur les causes Médicales de Décès (CépiDC) de l’Inserm.

Les résultats de l’étude indiquent que des bénéfices sur la mortalité cardiovasculaire ont été identifiés avec la mise en place de seuils d’alerte plus stricts en 2011. Les seuils d’alertes mis en place en 2008 étaient de 80 µg/m3 et sont passés à 50 µg/m3  en 2011. On peut estimer ainsi qu’environ 380 décès ont été évités en population générale sur la période allant de 2011 à 2015, dont environ 350 décès évités pour les personnes de plus de 75 ans sur la même période. En revanche, aucun changement notable en lien avec les modifications de seuil n’est à relever pour la mortalité liée aux maladies respiratoires, peu importe les seuils.

Les auteurs indiquent que la mise en place de seuils fixés à des niveaux relativement faibles est nécessaire pour que ce type de mesure soit susceptible de produire des bénéfices pour la santé et que ces mesures d’urgence doivent en outre s’intégrer dans un cadre plus large de politiques publiques favorisant les mesures de lutte contre la pollution de l’air au long cours. Une méthodologie identique à celle de l’étude mise en œuvre ici serait utilement mobilisée pour prendre en compte les mesures d’alerte portant sur d’autres polluants comme par exemple l’ozone et le dioxyde d’azote, y compris pour estimer l’efficacité des mesures les plus récentes.

Références :
Alari A., Schwarz L., Zabrocki L., et al., 2021 : The effects of an air quality alert program on premature mortality: A difference-in-differences evaluation in the region of Paris [En ligne] Environment International, vol.156
https://doi.org/10.1016/j.envint.2021.106583

Le communiqué de l’Inserm pour cette étude est disponible à cette adresse : https://presse.inserm.fr/systeme-dalerte-de-pics-de-pollution-des-effets-protecteurs-sur-la-sante/42976/