Hommage à Michel Erpicum

by in Revue 7 août 2020

Michel Erpicum, professeur émérite à l’Université de Liège nous a quitté, beaucoup trop tôt, le 24 juillet 2020.

En dépit d’un emploi du temps chargé, il a consacré du temps à la revue « Pollution Atmosphérique » en siégeant à son conseil scientifique de 2014 à 2019. Sa rigueur, sa gentillesse et son humour « belge », sa personnalité attachante,  participaient à la qualité et à la convivialité de ces instances dont l’ambiance amicale ne nuit pas à l’efficacité du travail effectué.

Dès le début des années quatre-vingt, Michel Erpicum s’était beaucoup investi dans les échelles fines du climat et la climatologie de terrain, ce qui, faute d’un réseau dense de stations météorologiques, l’avait conduit à travailler sur la mesure, à utiliser des appareils parfois très sophistiqués, et à développer des protocoles adéquats pour la mesure fixe ou itinérante dont on redécouvre les vertus aujourd’hui.

Ses champs d’application étaient variés, depuis les effets du relief sur le risque de gel routier jusqu’à l’énergie éolienne en passant par les relations entre variables climatiques et pollution de l’air. Dans ce dernier domaine, Il déplorait combien parfois les spécialistes de la qualité de l’air oubliaient le rôle fondamental joué par la topoclimatologie (environnement et reliefs locaux), sur les brouillards, les inversions de températures (plus généralement les profils verticaux de température), le vent et donc la qualité de l’air. Ces paramètres sont des déterminants concentrant ou dispersant les polluants, et donc aussi essentiels que les sources de pollution.

Climatologue-Géographe complet et eclectique, il savait appréhender les différentes échelles du climat, avait été l’un des premiers à exploiter les images satellitales, et avait vite compris l’intérêt des modèles physiques régionaux pour affiner les modèles de climatologie/météorologie globale. Co-créateur d’un Master de climatologie physique, directeur d’un laboratoire reconnu, responsable de nombreux contrats de recherche, il avait su créer une équipe de collaborateurs passionnés qui ont continué dans cet esprit après sa retraite en 2017.

Esprit curieux et critique, Michel Erpicum était très précieux pour relire les articles proposés à la revue de l’APPA, car peu de fautes et d’incertitudes échappaient à sa perspicacité.

Michel Erpicum était très inséré dans les réseaux de la climatologie mondiale ; il avait présidé l’Association Internationale de Climatologie (AIC) pendant 6 ans, dont il était l’un des membres fondateurs.

L’APPA peut assurer ses proches de son témoignage de reconnaissance.

Par Isabelle Roussel (Présidente d’honneur de l’APPA) et Pierre Carrega (Université de nice, rédacteur en chef honoraire de la revue Pollution Atmosphérique).