Révision des valeurs guides de l’OMS sur la pollution de l’air

by in Actualité 28 septembre 2021

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a réévalué le 22 septembre dernier ses valeurs guides au sujet de la pollution de l’air, inchangées depuis 2005. L’instance internationale s’est appuyée sur une revue systématique des données pour l’élaboration de ces nouveaux seuils qui concernent six polluants (PM10 et PM2,5, ozone, dioxyde d’azote, dioxyde de soufre et monoxyde de carbone). En particulier, la limite d’exposition annuelle aux particules fines PM2,5 passe de 10 μg/m3 (microgrammes par mètre cube) à 5 μg/m3. De même, la limite d’exposition annuelle au dioxyde d’azote (NO₂) est divisée par 4, passant de 40 à 10 μg/m3.


L’OMS justifie l’abaissement drastique de ces seuils en indiquant que la pollution de l’air est responsable d’environ 7 millions de morts prématurées dans le monde. L’Asie dans son ensemble est le continent le plus touché avec environ 4 millions de morts prématurées liées à cette pollution. L’Europe compte environ 500 000 morts prématurées selon les mêmes critères. L’OMS avance que près de 80% de ces morts pourraient être évitées si ces nouveaux seuils étaient respectés.

L’OMS indique aussi que cette pollution de l’air pourrait entraver chez l’enfant le développement pulmonaire, limiter la fonction pulmonaire, aggraver l’asthme et provoquer des infections respiratoires. Pour l’adulte, cette exposition entraine des troubles cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux, et de plus en plus de données avancent une possible association avec le diabète de type 2 et des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer.

A l’heure actuelle, l’Islande est le seul pays dans le monde à respecter ce nouveau seuil pour les PM2,5 avec une concentration moyenne annuelle de 4,7 μg/m³. A titre de comparaison, la concentration moyenne annuelle en France demeure actuellement à 10,6 μg/m et l’Inde dépasse les 70 μg/m³. Ces nouvelles lignes directrices ne sont pas contraignantes et doivent être utilisées comme seuils de référence afin d’orienter les politiques des pays pour lutter contre cette pollution. Au niveau européen, l’Union Européenne (UE) a annoncé vouloir réviser ses directives sur la qualité de l’air pour le troisième trimestre 2022. Les négociations avec les États membres seront délicates car à l’heure actuelle plusieurs pays ne respectent pas les limites de l’UE (25 μg/ m³ de moyenne annuelle pour les PM2,5 par exemple). La France a d’ailleurs été récemment condamnée pour le dépassement des valeurs réglementaires européenne au sujet des particules fines et des oxydes d’azote.
L’OMS insiste sur la gravité et l’urgence de cette situation en soulignant qu’en 2019, 90% de la population mondiale vivait dans des régions où les concentrations dépassaient les seuils de référence de 2005 concernant l’exposition prolongée aux PM2,5. Le réchauffement climatique est aussi étroitement lié à ces émissions de polluants et le respect de ces nouvelles valeurs guides contribuera à y faire face.

Le communiqué de presse de l’OMS est accessible à cette adresse : https://www.who.int/fr/news/item/22-09-2021-new-who-global-air-quality-guidelines-aim-to-save-millions-of-lives-from-air-pollution