L’augmentation des émissions de méthane en 2020 renferme un paradoxe écologique
Le méthane est un gaz à effet de serre puissant, responsable du tiers du réchauffement depuis le début de l’ère industrielle. Son pouvoir réchauffant global (PRG) est, à masse égale, à l’échéance de 20 ans, 82 fois celui du CO2.
Des fuites massives de méthane dans les installations d’hydrocarbure, qui pourraient être évitées contribuent aux émissions de méthane mais la concentration atmosphérique du méthane a augmenté de façon exceptionnellement élevée en 2020. En un an, la concentration moyenne du méthane (CH4), a bondi de 15,1 parties par milliard (ppb), soit une augmentation d’environ 50 %. D’après l’étude publiée le 14 décembre 2022 dans la revue scientifique Nature, deux raisons sont à l’origine de ce phénomène :
- En 2020, une hausse globale de l’humidité et de la température a entraîné l’émission naturelle d’une plus grande quantité de méthane contenue dans les marais et autres tourbières de l’hémisphère nord – (six millions de tonnes de plus en un an). Noter que cet excès de méthane n’a pas été émis par le pergélisol dont on craint le relargage de méthane en cas de fonte importante.
- La baisse des émissions d’oxydes d’azote (Nox), liée à la pandémie a conduit à une diminution estimée de 1,6 % des radicaux OH par rapport à 2019. Or, ces radicaux hydroxyles éliminent 85 % de méthane émis dans le monde. Ainsi, leur diminution se traduit par une plus forte concentration de méthane dans l’atmosphère.
Paradoxalement, l’amélioration de la qualité de l’air pourrait donc passer par une accumulation de gaz à effet de serre dont la production naturelle est amplifiée par le réchauffement de l’atmosphère.