Association entre risque accru de cancer et exposition au carbone suie
Une étude menée par l’Inserm, l’Irset et les universités de Rennes 1 et Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines a été publiée en mars 2021 dans la revue Environmental Health Perspectives. Cet article s’intéresse à la possible association entre risque accru de cancer et exposition au carbone suie.
Le carbone suie, appelé communément black carbon dans la littérature scientifique, correspond aux composés carbones de couleur noire rejetés dans l’atmosphère suite au phénomène de combustion incomplète : moteur thermiques (surtout diesels), combustion de bois/charbon/ fioul/déchets agricoles. Depuis quelques années, le rôle de ce polluant dans le changement climatique inquiète mais son impact sur la santé est aussi étudié. La difficulté dans l’étude du carbone suie est de déterminer et d’isoler son propre impact sur la santé face aux autres particules fines.
L’étude parue dans EHP est ainsi une des premières à pointer une association positive entre exposition au carbone suie et risque de développement de cancer du poumon. Ce travail se base sur la cohorte Gazel composée de 20 625 personnes de nationalité française et mise en place en 1989. Cette cohorte est composée d’employés d’EDF-GDF de l’époque. La méthodologie des chercheurs a été de mettre en relation l’état de santé de la cohorte avec une extrapolation des niveaux de pollution entre 1985 et 2010 provenant du projet européen ELAPSE. L’avantage de cette cohorte est de posséder une documentation détaillée sur les facteurs de risques de cancer des individus la composant (y compris expositions professionnelles, s’agissant d’une cohorte de travailleurs d’EDF-GDF).
Cette étude du lien entre l’état de santé et les niveaux de pollution atmosphérique extérieure aux domiciles a permis ainsi de mettre en évidence un lien entre les niveaux de carbone suie et le risque de développement de cancer du poumon, indépendamment des niveaux d’autres indicateurs de la pollution atmosphérique particulaire (particules fines). Pour les personnes exposées aux concentrations les plus élevées par rapport à celles exposées à des niveaux plus faibles de carbone suie, le sur-risque de développer ce type de cancer a été chiffré à 30%, tandis que le sur-risque de développer un cancer à d’autres localisations que les poumons a lui été déterminé à 20%.
Les résultats de cette étude devront être confortés par ceux d’autres études portant sur le carbone suie, possiblement réalisées sur des cohortes de plus grande taille, et utilisant éventuellement des méthodes alternatives à l’extrapolation dans le temps pour l’évaluation des expositions au carbone suie.
Références : https://presse.inserm.fr/pollution-de-lair-le-carbone-suie-associe-a-un-risque-accru-de-cancer/42445/
https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/EHP8719