Pollution aux particules fines : rapport bénéfice/risque de l’activité physique

by in Actualité 21 mai 2021

Une étude parue dans l’European Heart Journal se penche sur le sujet du rapport bénéfice/risque entre la pratique d’une activité physique et les risques associés à l’exposition à des polluants atmosphériques pendant celle-ci.
Le consensus scientifique actuel sur ce point est qu’en dehors de pics de pollutions caractérisés, les bénéfices en termes de santé apportés par une activité physique en plein air sont supérieurs aux risques dus à l’inhalation de polluants.

L’étude s’intéresse aux risques cardiovasculaires chez les jeunes adultes et se fonde sur une population d’1,4 millions d’individus âgés entre 20 à 39 ans et vivant en Corée du Sud. Dans cet échantillon de population provenant du National Health Insurance Service, les personnes pratiquant une activité physique en plein air présentent globalement moins de problèmes cardiovasculaires que celles qui sont moins actives. Cette observation demeure lorsque les concentrations moyennes annuelles en particules fines (PM 2,5 et PM10 en l’occurrence) au lieu du domicile sont peu élevées voire moyennes. Mais à l’inverse, lorsque les niveaux moyens annuels de particules fines au lieu du domicile sont élevés (≥ 26,43 µg/m3 pour les PM 2,5 ; ≥ 49,92 μg/m3 pour les PM 10) , les risques de survenue d’événements adverses cardiovasculaires augmentent chez les individus les plus sportifs, au sens d’un équivalent métabolique supérieur à 1000 MET/min sur une semaine (à titre de comparaison, en 2016 l’OMS préconisait d’atteindre les 600 MET/min sur une semaine afin de maintenir une activité physique modérée).

Ainsi ce travail de recherche, qui confirme les risques sanitaires liés au manque d’activité physique, est également l’un des premiers à mettre en évidence une association entre une augmentation du risque de survenue  d’événement adverses cardio-vasculaire (hospitalisations d’au moins 2 jours pour un motif cardiovasculaire) et pratique d’activité physique intense dans les zones présentant des niveaux de pollution atmosphérique élevés. Il faut néanmoins souligner que la pollution atmosphérique, et plus particulièrement celle aux particules fines, est un enjeu majeur en Corée du Sud qui subit de plus en plus les émissions de son voisin chinois. En 2018, Séoul figurait à la 11ème place des villes les plus polluées au monde (source : https://fr.statista.com/infographie/13794/pollution-air-monde/ ). Cette pollution est donc loin des moyennes que l’on observe dans les grandes villes françaises. A noter que cette étude ne s’intéresse qu’à la pollution de « de fond » et n’aborde pas les pics de pollution. Ces pics sont pourtant des phénomènes où l’activité physique en extérieur n’est pas recommandée en raison de risques aggravés pour la santé. De même, il faut prendre en compte que cette étude ne fait pas de distinction entre activité physique en intérieur et extérieur.


L’étude conclut en insistant sur le fait que maintenir une activité physique reste essentiel pour prévenir les risques cardio-vasculaires tant que les niveaux de pollution atmosphériques sont modérés. La Société Européenne de Cardiologie (ESC) indique d’ailleurs dans ses recommandations de 2020 que le maintien d’une activité physique de manière régulière (150 à 300mn/semaine d’exercices modérés ou 75 à 150mn/semaine d’exercices intenses) permet de diminuer le risque de développer des maladies cardiovasculaires.

Références : Kim S.R., Choi S., Kim K., et al., 2021 : Association of the combined effects of air pollution and changes in physical activity with cardiovascular disease in young adults [En ligne] European Heart Journal
https://doi.org/10.1093/eurheartj/ehab139