Climat et santé : des risques grandissants mais un engagement insuffisant

by in Actualité 9 janvier 2020

Pourtant, les états semblent reconnaître de plus en plus les conséquences du changement climatique sur la santé. En effet, la moitié des pays ciblés par le rapport de l’OMS ont mis en place une stratégie ou un plan d’action sur cette thématique. Cependant, seuls 38% environ ont mis en place des financements pour commencer à les appliquer. D’autre part, seuls 10% ont levé des fonds pour leur mise en oeuvre concrète.

Changement climatique : quels risques sanitaires ?

Les risques du changement climatique pour la santé publique ont déjà été évalués par 48% des pays étudiés par l’OMS. Ces études ont permis de mettre en valeur les risques de stress thermique, de traumatismes et de décès dus aux événements météorologiques extrêmes ainsi que de maladies d’origine alimentaire, hydrique ou vectorielle (par exemple le choléra). Cependant, pour 60% des pays, ces évaluations des risques et les constats qui en ont découlé n’ont pas abouti à l’allocation de ressources humaines ou financières à la problématique du changement climatique.

Un manque d’information

L’enquête montre que beaucoup de pays ont des difficultés d’accès aux dispositifs de financements internationaux destinés à la lutte contre le changement climatique et ses impacts en termes de santé publique. Pour plus de 75% des pays, l’information vis-à-vis des dispositifs existants est insuffisante. Plus de 60% considèrent les liens entre les acteurs de la santé et les procédures de financement insuffisants. Pour finir, plus de 50% s’estiment en incapacité de formuler des propositions.

Une mise en oeuvre et un suivi des actions insuffisant

2/3 des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) à l’Accord de Paris (c’est-à-dire les engagements pris par les différents pays) mentionnent la santé. De plus, celle-ci est l’un des cinq aspects les plus cités comme étant vulnérables au changement climatique. Pourtant, la mise en oeuvre et le suivi des actions ont été insuffisants. Des études ont pourtant montré que ces actions pour lutter contre les impacts sur la santé du changement climatique engendrerait des bénéfices jusqu’à deux fois plus importants que les coûts de leur mise en oeuvre. D’autres études ont aussi montré que l’atteinte des objectifs fixés par l’Accord de Paris pourrait permettre de sauver un million de vies par an d’ici 2050, et ce simplement grâce à la réduction de la pollution atmosphérique.

Un besoin de prise de conscience des enjeux sanitaires

Les bénéfices de la réduction des émissions carbonnées sont rarement mis en avant dans les engagements nationaux pour le climat. Seules 20% des CDN mentionnent la santé comme un bénéfice de la réduction des émissions. De plus, seulement 10% des CDN évoquent les bénéfices sanitaires qui en découleraient. L’enjeu est donc désormais d’intégrer véritablement la question de la santé aux processus, actions et stratégies de lutte contre le changement climatique. Il est urgent que les pays prennent davantage conscience des intérêts en termes de santé publique de la lutte contre le changement climatique. D’autre part, il faut qu’ils prennent plus en compte la santé dans leurs décisions relatives à la réduction des émissions polluantes et plus largement au développement durable.

Retrouvez le rapport de l’OMS (en anglais) ici.