« Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir. Accélérer la transition juste pour renforcer notre résilience aux risques sanitaires et climatiques » – Haut Conseil pour le Climat, avril 2020

by in Actualité 18 mai 2020

Le Haut Conseil pour le Climat (HCC) est un organisme indépendant créé par le décret du 14 mai 2019 chargé d’émettre des avis et recommandations sur la mise en œuvre des politiques et mesures publiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France, en cohérence avec ses engagements internationaux, en particulier l’accord de Paris et l’atteinte de la neutralité carbone en 2050.

Dans son premier rapport annuel « Agir en cohérence avec les ambitions » (juin 2019) le Haut conseil pour le climat faisait le constat que la France n’est pas sur la bonne trajectoire pour atteindre ses objectifs climatiques. Il recommandait que les politiques et mesures publiques fassent l’objet d’une évaluation systématique et ambitieuse de leurs impacts sur les émissions de gaz à effet de serre, en cohérence avec la stratégie nationale bas-carbone. En réponse à cette recommandation, le gouvernement a saisi le Haut conseil pour le climat afin qu’il détermine un cadrage préalable des méthodes d’évaluation des lois et projets de loi en regard du climat.

Le rapport présenté en avril 2020 a pour objet la crise « systémique globale » du Covid 19, « source de crises secondaires, sociale, économique et financière ». il esquisse un certain nombre de conclusions et de préconisations au vu de cette crise, avec l’impératif que la réponse gouvernementale « soutienne des transformations structurelles qui accélèrent la transition carbone juste, car celle-ci renforcera notre résilience aux risques sanitaires et climatiques ». ll reprend à cette occasion plusieurs préconisations émises dans des rapports antérieurs.

Quels enseignements peut-on tirer de la crise ?

Selon le rapport, « la plupart des causes structurelles de la pandémie Covid-19 sont aussi à l’origine du changement climatique ». La crise COVID-19 « met en évidence des conséquences de choix politiques, qui ont conduit, depuis plus de 40 ans, à des transformations écologiques, sociales et économiques majeures : mondialisation des échanges, y compris le commerce international de la faune sauvage même protégée, éparpillement planétaire des chaînes de valeur, délocalisation, flux tendus, intensification des mobilités de toute nature, réduction de l’intervention de l’État, recul de l’État providence et de l’accès aux services publics, baisse de la protection sociale. Ces mutations structurelles ont produit de nouvelles vulnérabilités, qui peuvent dès à présent être considérées comme des causes profondes de la catastrophe COVID-19. Certaines ont favorisé le passage du virus à l’homme. D’autres ont créé des interdépendances entre sociétés et entre pays, favorisant la diffusion rapide de l’épidémie à l’échelle mondiale. D’autres ont transformé la pandémie en crise systémique, expliquant les difficultés des États face à l’épidémie, malgré le haut niveau de développement scienti­fique et technique et les efforts financiers engagés ».

Les recommandations du Haut Conseil pour le Climat

Le rapport émet une série de recommandations pour que la fin de cette crise sanitaire et les désordres économiques qui vont suivre ne fassent pas oublier la crise climatique et évitent les effets rebonds. Il reprend les recommandations formulées dans les précédents rapports.

Ce rapport souligne l’importance des politiques intégrées pour pallier les crises systémiques. Depuis plusieurs années, la communauté scienti­fique a montré des liens entre pandémies et crise environnementales. Dans son rapport de mai 2019, la plateforme intergouvernementale pour la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) rappelle que « les zoonoses représentent une menace sérieuse pour la santé humaine […].Les maladies infectieuses émergentes chez les espèces sauvages, les animaux domestiques, les plantes ou les populations humaines peuvent être ampli­fiées par des activités humaines telles que le défrichement et la fragmentation des habitats […] ».

Le lien entre climat et pollution de l’air est clairement énoncé : « Les émissions de polluants atmosphériques, dont certains agissent également sur le climat, ont de forts impacts sur la santé publique. Les émissions liées à la combustion des énergies fossiles sont responsables d’environ 65 % de la surmortalité due à la pollution de l’air, touchant 3,6 millions de personnes par an, en premier lieu par des maladies affectant cœur, poumons et voies respiratoires ». Dans cette perspective, le rapport encourage l’effort apporté aux polluants climatiques à courte durée de vie contribuer à ralentir le réchauffement et à éviter d’éventuels points de bascule tout en apportant d’importants co-bénéfices pour la santé.

Consultez le rapport du Haut Conseil pour le Climat sur https://www.hautconseilclimat.fr/wp-content/uploads/2020/04/rapport_haut-conseil-pour-le-climat.pdf