Exposition à long terme aux particules ultrafines et mortalité
F. Boums. Long-term exposure to ultrafine particles and natural and cause-specific mortality. Environ Int 175 (2023) 107960
En introduction, les auteurs soulignent qu’il n’y a que peu d’études sur le sujet, que ces études portent sur des durées d’observations limitées et que les résultats d’études d’impact concernant les PM10 et PM2,5 ne peuvent rendre compte des effets des particules ultrafines (PUF).
L’étude en question s’appuie sur une cohorte de plus de 10 millions de personnes âgées de plus de 30 ans, suivie aux Pays-Bas de janvier 2013 à décembre 2019 (date de clôture choisie pour ne pas avoir d’interférence avec la pandémie de COVID-19). Pour cette cohorte sont enregistrés un éventuel décès et la cause de décès. Par ailleurs, les données métrologiques concernant les PUF à l’adresse de chacun des sujets de la cohorte ont été obtenues par une grande campagne de mesure menée en 2016-2017 et l’utilisation de modèles de dispersion. Les concentrations en polluants classiques (PM10, PM2,5, NO2 et carbone élémentaire) ont été obtenues grâce au réseau de surveillance de la qualité de l’air.
L’analyse statistique a utilisé le modèle de Cox avec 3 modèles différents impliquant différents ajustements sur variables possiblement confondantes et un ajustement indirect sur l’indice de masse corporelle et le tabagisme qui ne figurent pas dans les données de la cohorte.
Durant la période de suivi de 7 années, près d’un million de décès ont été enregistrés. La concentration moyenne en PUF a été de 2723 particules/cm3. L’association entre concentration en PUF et décès toutes causes a été quantifiée par un « hazard ratio » à 1,015, à 1,022 pour la mortalité respiratoire, 1,038 pour la mortalité par cancer du poumon et 1,005 pour la mortalité cardio-vasculaire, toutes associations statistiquement significatives. Après ajustement sur les concentrations en polluants classiques, les associations restaient significatives pour la mortalité toutes causes et la mortalité par cancer du poumon, mais pas pour la mortalité respiratoire et cardio-vasculaire.
Les auteurs font observer que si la corrélation entre PUF et NO2 est forte, néanmoins l’association entre PUF et mortalité persiste après ajustement sur le taux de NO2. On peut être surpris par le fait que l’augmentation du risque pour la mortalité toutes causes et la mortalité par cancer du poumon reste modeste et dans le même ordre de grandeur par rapport au risque lié à l’exposition aux PM10 ou PM2,5 et qu’il n’y a pas d’association avec la mortalité cardio-respiratoire. Cela pourrait être lié au fait que l’estimation de l’exposition se fait par modélisation fine à partir d’une campagne de mesures. On doit se demander si les modèles utilisés pour les autres tailles de particules restent valables pour les PUF.