Quelle exposition aux pesticides pour les riverains des terres agricoles ?

by in Actualité 17 mars 2020

Cette revue de la littérature s’intéresse aux méthodologies suivies par les études sur l’exposition des riverains des zones agricoles aux pesticides.

Méthodologie

Les auteurs ont inclus dans cette revue un ensemble d’articles scientifiques jugés d’intérêt parus entre 2003 et 2018. Au total, cette revue de la littérature a exploité les données de 27 études portant sur l’exposition aux pesticides.

Parmi ces études, 7 évaluaient cette exposition au moyen d’échantillons environnementaux, 13 au moyen d’échantillons biologiques et 7 au moyen de ces deux types d’échantillons. Neuf de ces études comprenaient un groupe témoin, composé de personnes habitant loin des terres agricoles. Onze d’entre elles évaluaient comment les périodes de forte utilisation des pesticides influaient sur l’exposition. Toutes les études considérées montraient une plus forte exposition aux pesticides pour les riverains des zones agricoles.

La nécessité d’une approche multi-critères

Cette revue de la littérature met en évidence les limites des études sur l’exposition aux pesticides des riverains des exploitations agricoles. En effet, les auteurs expliquent que pour assurer la pertinence d’une telle étude, l’idéal serait de combiner les caractéristiques des différents travaux scientifiques menés. Plus spécifiquement, cela signifie qu’il faudrait :

  • Inclure un groupe témoin, constitué d’individus vivant éloignés des exploitations. Ce groupe témoin permettra d’estimer correctement l’impact de la proximité de terres agricoles sur l’exposition aux pesticides.
  • Combiner des échantillons environnementaux et biologiques, faire des mesures à des périodes différentes.
  • Inclure dans l’étude une variété de sites agricoles de même type. Ce point favorisera l’obtention de chiffres représentatifs et non de résultats basés sur un cas particulier.
  • Distinguer et mesurer les concentrations de pesticides spécifiquement émises par les activités agricoles.

Concernant ce dernier critère, cela est indispensable pour pouvoir évaluer pertinemment la part prise par les activités agricoles dans l’exposition des individus aux pesticides. Pourtant, les mesures portent souvent sur tous les pesticides présents dans l’air, indépendamment de leur origine.

Cependant, jusqu’à présent, peu d’études sur l’exposition aux pesticides combinent ces différentes caractéristiques. Par conséquent, les auteurs de la revue suggèrent de réaliser d’autres études, respectant les critères pré-cités. De telles études permettront de mieux évaluer l’exposition non-professionnelle aux pesticides à proximité des sites agricoles. Cela permettra de mieux évaluer les risques sanitaires, et donc d’établir des stratégies de prévention plus adaptées.

Autres limites induites

Tout d’abord, les insuffisances méthodologiques identifiées dans l’étude éclairent la question des limites d’épandage, objets de vifs débats depuis plusieurs années déjà. En effet, ces limites rendent difficiles de statuer sur les rayons d’épandage. L’étude met en valeur qu’il est difficile d’obtenir des données suffisantes et pertinentes pour encadrer ces pratiques.

Mais de plus, cette revue renvoie à une autre difficulté : celle de la collecte de données à propos des pesticides utilisés et des moments d’utilisation. Or, cette collecte ne peut se faire qu’avec la collaboration active des agriculteurs.

Retrouvez l’étude en open access sur https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412019314898?via%3Dihub