Rapport de l’Agence Européenne de l’Environnement sur la qualité de l’air

by in Actualité 11 décembre 2020

L’Agence Européenne de l’Environnement a publié récemment son rapport annuel « Air Quality in Europe ». L’AEE produit régulièrement des rapports sur l’état de l’environnement dans 41 pays d’Europe. Ce document est le 10ème de la série consacrée à la qualité d’air sur le continent. Le rapport présente en particulier une synthèse des évolutions des concentrations des principaux polluants sur la période 2009-2018, une évaluation actualisée mais non validée des pollutions pour l’année 2019 ainsi que des données sur l’impact sur les émissions du confinement en 2020. 

Une amélioration tangible sur la dernière décennie
La pollution continue d’avoir un impact sanitaire important sur les populations européennes, lié à trois polluants principaux : les particules, le dioxyde d’azote et l’ozone. Sur la période 2009-2018,  le rapport met en évidence une baisse des émissions liées aux transports et au secteur de l’énergie. On observe une diminution des émissions de particules fines (PM2,5) et de dioxyde d’azote (NO2). Sur le plan sanitaire, en 2018, le nombre de décès attribuables aux PM2,5 était de 379 000 dans l’UE-28 contre 437 000 en 2009, soit une baisse de 13% (417 000 décès dans les 41 pays européens contre 477 000 en 2009). Le nombre de décès attribuables au NO2 était de 54 000 dans l’UE-28 contre 117 000 en 2009, soit une baisse de 54% par rapport à 2009 (55 000 décès contre 120 000 pour les 41 pays européens). Par contre les concentrations d’ozone augmentent sur la même période, de même que les morts prématurées liées à ce polluant : on compte 20 % de décès en plus pour les 41 pays européens (20 600 décès en 2018 contre 17 100 en 2009) et 24 % pour l’UE-28 (17 100 contre 15 100).  Le rapport note également l’impact de la pollution atmosphérique sur l’activité agricole, lié à trois polluants principaux, l’ozone, l’ammoniac et les oxydes d’azote.  Néanmoins l’AEE estime que cette amélioration de la qualité de l’air a permis d’éviter 60 000 décès prématurés en 2018.

Une disparité selon les pays
L’AEE indique des disparités importantes en matière de polluants atmosphérique entre les différents pays. Elle note ainsi que six pays de l’UE – Bulgarie, Croatie, Italie, Pologne, République Tchèque et Roumanie – ont dépassé en 2018 la valeur limite pour les teneurs atmosphériques de PM2,5 instaurée par l’Union Européenne, et que seulement quatre pays – Estonie, Finlande, Irlande et Islande – respectent les valeurs guides de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) concernant les PM2,5. Les standards de l’OMS sont plus restrictifs que ceux de l’UE, et l’AEE préconise que la Commission Européenne révise ses valeurs guides afin de lutter plus efficacement contre la pollution de l’air.

L’impact du confinement sur la qualité de l’air
Un chapitre du rapport revient sur la pandémie mondiale de coronavirus. Les mesures de confinement pour lutter contre le virus ont eu un impact sur la qualité de l’air. La réduction d’activités des transports terrestres et aériens a entraîné une baisse des concentrations de dioxyde d’azote (NO2). Par contre, l’AEE n’a pour le moment pas observé de baisse notable des concentrations de particules fines liée au confinement. L’explication proposée est que les sources de ce polluant sont multiples et que d’autres facteurs comme les conditions météorologiques sont à prendre en compte. L’AEE précise également qu’il est encore trop tôt pour estimer l’impact sur la santé du confinement en matière de qualité d’air. Enfin le lien entre pollution de l’air et sévérité de la maladie COVID-19 reste encore pour l’AEE une piste de recherche à creuser avant d’établir une causalité avérée. Néanmoins le COVID-19 reste un facteur de risque mortel pour les individus souffrant de maladies cardiovasculaires et respiratoires liées à une exposition à long terme aux polluants atmosphériques.

Vous pouvez retrouver ce rapport ici : https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2020-report