Rapport « L’environnement en Europe – état et perspectives 2020 » – Agence Européenne de l’Environnement

by in Actualité 17 février 2020

Changement climatique

Des impacts grandissants

L’Agence Européenne de l’Environnement (AEE) consacre dans son rapport un chapitre au changement climatique et à ses conséquences en Europe. Pour commencer, l’Agence rappelle que le changement climatique a déjà de sérieux impacts, au niveau international comme au niveau de l’Europe. Ainsi, les températures aussi bien que le niveau des mers sont aujourd’hui considérablement modifiées par le changement climatique.

L’AEE alerte aussi sur le fait que le changement climatique est lié à des risques aussi bien que pour l’environnement que pour l’économie et les personnes. De plus, plus le changement climatique s’amplifiera, plus ces risques seront grands et plus la probabilité de leur concrétisation augmentera. D’autres conséquences du changement climatique sont observables, cette fois liées aux variations en dehors de l’Europe. L’AEE pointe ainsi l’influence du changement climatique sur le commerce mais aussi sur les flux migratoires, intensifiés. Des mesures d’adaptation au changement climatique et de régulation de celui-ci sont nécessaires.

Une mobilisation croissante et des progrès déjà constatables

L’AEE rappelle que les politiques en vigueur, les mesures prises ainsi que divers facteurs économiques ont permis une baisse des émissions de gaz à effets de serre ces dernières décennies. L’intensité énergétique et le poids carbone de l’économie européenne sont plus bas aujourd’hui qu’en 1990.

L’amélioration de l’efficacité énergétique mais aussi le renforcement de l’usage d’énergies à faible impact environnemental ont largement favorisé ces progrès. Parmi elles figurent notamment les énergies renouvelables, dont la production et l’utilisation s’est considérablement développée. Aujourd’hui, agir dans le secteur des transports est le plus grand défi. En effet, dans ce secteur les émissions polluantes restent conséquentes (et sont même croissantes). Il devient donc urgent de penser et développer des moyens de transports plus propres pour mieux maîtriser ces émissions.

L’AEE note que l’adaptation au changement climatique est globalement intégrée dans les politiques, programmes, stratégies et projets des différents pays membres de l’UE. La plupart ont développé une stratégie nationale d’adaptation au changement climatique. Mais plus encore, un nombre grandissant de ville adopte des mesures à l’échelle locale. La stratégie d’adaptation au changement climatique de l’UE, adoptée en 2013, a globalement porté ses fruits. De même, l’UE est proche d’atteindre l’objectif d’atteindre l’allocation de 20% de son budget aux mesures en faveur de la lutte contre le changement climatique.

Des efforts à poursuivre

Cependant, aller encore plus loin est un impératif. On observe par exemple que l’effort en faveur de la lutte contre le changement climatique est inégal selon les domaines. Par exemple, l’investissement financier dans les domaines de l’agriculture, du développement rural et de la pêche reste insuffisant. L’AEE signale de plus que pour atteindre son objectif de réduction de 80 à 95% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, il faut dès à présent accélérer cette réduction.

Si l’UE est en voie d’atteindre ses objectifs 2020 en termes d’émissions de gaz à effet de serre et d’énergies renouvelables, les progrès en termes d’efficacité énergétique sont insuffisants. En l’état, l’atteinte des objectifs climatiques et énergétiques 2030 de l’UE est compromise. L’AEE appelle ainsi à une mobilisation globale des pays et citoyens européens pour maintenir la hausse globale des températures en-dessous de 2°C et plus encore à poursuivre les efforts pour ne pas dépasser les 1,5°C d’augmentation.

Pollution de l’air

Des évolutions inégales selon les polluants et les pays

L’Agence Européenne de l’Environnement présente la pollution de l’air comme le principal risque environnemental en Europe. Elle souligne que les émissions de la plupart des polluants aériens ont diminué entre 2000 et 2017. Cependant, cette baisse n’est équivalente ni dans tous les pays et régions ni dans tous les secteurs, avec de fortes disparités. Par exemple, les oxydes d’azotes issus de la production et de la distribution d’énergie ont diminué de 77%. Cependant, les émissions d’ammoniac issues de l’agriculture ont diminué très faiblement entre 2000 et 2013, et ont même ré-augmenté d’environ 3% entre 2013 et 2017. Le constat est le même pour les particules fines, dont la réduction est moindre alors qu’il s’agit du polluant qui représente la plus grande menace pour la santé humaine.

Néanmoins, la réduction des concentrations d’une partie des polluants aériens a permis une amélioration globale de la qualité de l’air. On constate cependant qu’il y a encore un dépassement des valeurs de référence de l’Union Européenne et de celles de l’OMS pour plusieurs polluants. L’azote reste aussi très présent dans les écosystèmes. L’AEE espère un respect des valeurs de référence de l’OMS d’ici 2030 avec l’application généralisée des politiques en vigueur. L’Agence escompte une réduction des décès prématurés liés à la pollution de l’air à 200 000. Cela à réduire de moitié les décès prématurés par rapport à aujourd’hui. En revanche, la réduction de l’impact sur les écosystèmes sera selon l’AEE plus mesurée. Il y a donc un besoin réel de réduire encore l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé humaine et sur l’environnement.

Des progrès à poursuivre

L’AEE préconise de prendre de nouvelles mesures pour réduire encore davantage la pollution de l’air et donc mieux préserver la santé humaine et l’environnement. Ces mesures sont à prendre en priorité dans les secteurs de l’agriculture, des transports et du chauffage domestique. Leur contribution à la pollution de l’air témoigne de la nécessité d’agir prioritairement dans ces domaines. L’AEE conseille par ailleurs de renforcer la collaboration et la coordination à l’international pour lutter efficacement contre la pollution atmosphérique.

Pollution chimique

Un impact toujours notable sur la santé et l’environnement

Le 10ème chapitre du rapport est dédiée à la pollution chimique. L’AEE explique que les politiques européennes en la matière ont porté leurs fruits. Elles ont en effet pemis une amélioration globale de la qualité de l’air et des eaux ainsi qu’une réduction des dommages sur l’environnement et la santé humaine. Pourtant, l’exposition à la pollution chimique continue à affecter aussi bien la santé humaine que l’environnement. Les effets latents et irréversibles de cette pollution sur la santé humaine sont une préoccupation majeure. D’autre part, les prévisions en matière de production chimique et d’émissions de polluants dangereux et persistants suggèrent que la pollution chimique globale n’est pas près de décroître.

Une régulation difficile et incomplète

Les substances chimiques utilisées en Europe sont très nombreuses et variées. Par conséquent, il est extrêmement difficile de procéder à une évaluation précise des risques associés à chacune d’elles. Il est de plus complexe de mettre en oeuvre une surveillance adéquate de leur présence aussi bien dans l’environnement que dans l’organisme des personnes. De sérieux manques de connaissances existent encore aujourd’hui à propos des effets concrets des substances chimiques employées en Europe sur la santé et l’environnement.

Il existe des limites au niveau des politiques actuelles en elles-mêmes. Pour la plupart, celles-ci ne concernent que des polluants spécifiques, et même souvent des polluants spécifiques dans des domaines spécifiques. Il faut aujourd’hui penser à une approche plus globale des produits chimiques. L’approche individuelle de chaque polluant actuellement couramment employée est inadaptée à l’évaluation et à la gestion des risques associés aux nombreuses substances chimiques présentes sur le marché européen. On peut envisager une approche des polluants par groupes, qui permettra déjà une gestion plus efficace des risques.

Pour réduire les risques liés au polluants chimiques de manière globale, il faut également encourager la transition vers des substances et matériaux plus sains, et ce tout au long du cycle de vie des produits. Cela permettra une amélioration concrète du niveau de pollution chimique en Europe, favorisera l’économie circulaire et encouragera l’innovation en Europe.

Pollution industrielle

Des progrès encourageants…

Le 12ème chapitre du rapport de l’AEE est consacré à la pollution industrielle. L’AEE rappelle que l’industrie contribue de manière significative à la pollution en Europe. Les émissions de polluants par l’industrie ont cependant généralement diminué au cours de la dernière décennie. Mais de plus, les prévisions suggèrent qu’elles vont continuer à décroître. La politique environnementale européenne a été le principal facteur d’influence de réduction de la pollution industrielle ces dernières années. Cela est notamment vrai pour la pollution de l’air. Effectivement, sa réduction est encore plus significative que la pollution des eaux.

Mais à poursuivre

Néanmoins, ce bilan positif est à nuancer. En effet, seules les informations à propos des principaux polluants ont été remontées par les industriels. Les données à propos des polluants émergents ou moins connus sont très insuffisantes. De plus, la pollution industrielle a toujours un très fort impact aussi bien sur l’environnement que la santé humaine. Les politiques en vigueur sont pour l’AEE insuffisantes pour atteindre les objectifs de réduction de la pollution industrielle adéquats. En l’état, elles ne peuvent permettre de préserver efficacement la santé des individus et l’environnement. La décarbonisation de l’industrie, encouragée dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, faciliterait la réduction de la pollution industrielle. L’AEE suggère pour finir d’intégrer davantage les enjeux environnementaux dans la politique en matière d’industrie.

Retrouvez ci-dessous :
-Le rapport complet : https://www.eea.europa.eu/publications/soer-2020
-Le chapitre sur le changement climatique : https://www.eea.europa.eu/publications/soer-2020/chapter-07_soer2020-climate-change/view
-Celui sur la pollution de l’air sur https://www.eea.europa.eu/publications/soer-2020/chapter-08_soer2020-air-pollution/view
-Le chapitre sur la pollution chimique sur https://www.eea.europa.eu/publications/soer-2020/chapter-10_soer2020-chemical-pollution/view
-Celui sur la pollution industrielle sur https://www.eea.europa.eu/publications/soer-2020/chapter-12_soer2020-industrial-pollution/view