De l’enfance jusqu’au début de l’âge adulte, la vie à la ferme a un effet protecteur vis-à-vis de la rhinite allergique

by in Actualité 30 janvier 2023

Strieker et al. (2022) Farm living and allergic rhinitis from childhood to young adulthood: Prospective results of the GABRIEL study. J Allergy Clinical Immunology 2022 ; 150 (5) : 1033-1039

L’équipe d’Erika von Mutius a joué depuis 20 ans un rôle éminent dans la documentation de l’ « hypothèse hygiéniste » qui stipule que l’exposition précoce du nourrisson à l’environnement microbiologique joue un rôle de protection vis-à-vis des pathologies immuno-allergiques telles que la rhinite et l’asthme allergiques. Les études épidémiologiques initiales de ce groupe ont notamment montré que les enfants nés et vivant à la ferme deviennent bien moins souvent allergiques que ceux qui vient en campagne mais pas dans une ferme.  La question posée est de savoir si l’effet protecteur de la vie à la ferme observé lors de la première phase de l’étude GABRIEL effectuée en 2006-2007 chez des enfants âgés de 6 à 11 ans, se maintient, voire s’amplifie à l’âge adulte.

Pour ce faire, les auteurs ont repris contact avec les personnes qui avaient participé à la première phase de l’étude en Bavière et qui étaient maintenant âgées de 20 à 25 ans. Ces personnes, au nombre de 1 333 ont répondu à un questionnaire portant sur les variables socio-démographiques, la vie à la ferme, les symptômes respiratoires et les facteurs de confusion potentiels.

Concernant la rhinite allergique, le fait d’avoir vécu à la ferme lors de l’enquête initiale s’accompagne d’un odds-ratio (rapport de côtes) de 0,4 (IC95% : 0,2-0,8), le fait d’y avoir vécu et d’y vivre toujours un odds-ratio de 0,4 (IC95% : 0,2-0,6). Donc le fait de continuer à vivre à la ferme après l’âge de 11 ans ne s’accompagne pas d’un effet protecteur supplémentaire  Le risque d’apparition de symptômes de rhinite allergique entre les deux enquêtes est de 2,7 (2,1-3,3), que la personne vive ou non à la ferme. On ne retrouve pas le même effet protecteur concernant l’asthme.

En conclusion, une exposition au-delà de la puberté n’engendre pas une protection supplémentaire vis-à-vis de la rhinite allergique. Ces résultats confortent la notion de fenêtre d’opportunité durant l’enfance pour la prévention de l’allergie.