Enquête sur le rapport au changement climatique

by in Actualité 16 décembre 2019

Au moment de la COP 25, les sondages sur la perception du changement climatique par la population se multiplient. En effet, pour exercer une pression forte sur les gouvernements, les acteurs convaincus doivent pouvoir démontrer qu’une action politique forte est attendue par la grande majorité des citoyens du monde. Ceci est encore loin d’être le cas comme le montrent deux sondages récents :

La Croix du lundi 25 novembre rend compte des résultats du sondage BVA commandé par la banque européenne d’investissement. Cette enquête a été réalisée en ligne auprès de 30 088 personnes demeurant dans les 28 pays de l’UE mais aussi aux Etats-Unis et en Chine.
Une autre enquête diligentée par IPSOS (https://www.edf.fr/observatoire-opinion-rechauffement-climatique) a interrogé 24 017 répondants dans 30 pays

L’enquête IPSOS révèle l’inquiétude produite par l’accumulation du plastique et des emballages (52 % des répondants le placent au premier rang dans leur pays). Elle arrive devant la pollution de l’air (45 %) et le changement climatique proprement dit, qui arrive en 3ème position au niveau global (40 %). On retrouve toujours l’association entre pollution de l’air et changement climatique. Cette association est liée, pour partie, à la confusion entre les gaz toxiques et les gaz à effet de serre.

Si l’Italie et l’Espagne accordent plus d’importance au chômage, ces deux pays jugent que le climat a un fort impact sur leur vie quotidienne : 87% des Espagnols, 94% pour les italiens contre 82% en moyenne à l’échelle européenne.

En Europe de l’est, le souci du changement climatique figure à la septième place chez les bulgares et à la sixième chez les roumains que la stabilité de leur pays inquiété davantage ; En revanche, cette question occupe la seconde place dans les préoccupations des polonais.

Les phénomènes extrêmes plaident en faveur du réchauffement de la planète encore parfois difficile à attribuer aux actions humaines

Le réchauffement climatique en lui-même n’est quasiment plus contesté : seuls 8% des interviewés au niveau mondial doutent ou nient sa réalité (jusqu’à 15% en Chine et 19% aux États-Unis). En revanche, 23% doutent de son origine humaine, soit parce qu’ils pensent que c’est un phénomène naturel, soit parce qu’ils estiment qu’on ne peut pas savoir (jusqu’à 46% en Arabie Saoudite). Au total, 69% sont réellement convaincus que l’homme est bien la cause du réchauffement climatique. La représentation du risque climatique, dans la majorité des pays, s’incarne avant tout dans les événements visuels frappants et rapides. Il s’agit par exemple des catastrophes climatiques extrêmes (tempêtes, canicules, cyclones, incendies…) – 63 %.

L’inquiétude augmente

Les trois quarts des habitants des 30 pays se disent plus inquiets qu’il y a cinq ans. 37 % se disent beaucoup plus inquiets et 37 % un peu plus inquiets qu’il y a 5 ans. Les jeunes sont beaucoup plus inquiets que leurs aînés, mais uniquement en Europe (43 % vs 30 % pour les 55 ans et plus) et en Amérique du nord (44 % vs 27 % pour les 55 ans et plus). 41% des 15-20 ans pensent qu’ils seront amenés à déménager en raison du changement climatique. La conscience de l’urgence parait être au rendez-vous mais comment transformer cette conscience en actes ?

Les connaissances sur l’énergie et les sources de gaz à effet de serre sont encore fragiles

Parmi les sources de production d’électricité, les répondants considèrent les centrales à charbon (80 %) puis les centrales au gaz (66 %) comme les plus émettrices en CO2. Le nucléaire, bien que décarboné, est cité par 53 % comme produisant du CO2. Pour leur part, les barrages hydrauliques le sont par 25 % des répondants.

Interrogés sur les sources d’énergie utilisées dans leur pays pour produire de l’électricité, la plupart des habitants mettent au premier rang les énergies renouvelables (45 %). Celles-ci arrivent loin devant les autres sources (le gaz suit avec 33 % de citations).

Qui agit pour maîtriser le climat ?

À ce jour, ce sont d’abord les scientifiques (71 %) qui sont perçus comme agissant réellement. Notons qu’à ce stade, la notoriété du GIEC reste limitée (31 %). Viennent ensuite les ONG (60 %) et les citoyens (55 %). Les gouvernements arrivent en 4ème place, cités par moins de la moitié des répondants (48 %).

Comment agir ?

69% des européens pensent que leur conduite peut avoir un effet direct sur le climat. Près d’un tiers des répondants espèrent une solution contre le réchauffement climatique provenant des innovations technologiques. Mais une majorité d’entre eux (53 %) pensent que la lutte pour le climat passe d’abord par un changement des modes de vie. 55 % des citoyens déclarent d’ailleurs avoir déjà changé de mode de vie et de consommation. Trois actions sont particulièrement fréquentes au niveau mondial :

  • Le tri des déchets (48 %, particulièrement en Europe, en raison du développement des dispositifs de collecte sélective sont)
  • La consommation des fruits et légumes de saison (40 %)
  • La limitation du chauffage ou de la climatisation (33 %, particulièrement en Amérique du Sud, Asie et Afrique).

La limitation des déplacements arrive bien après. 22 % seulement limitent systématiquement leurs voyages en avion. Les répondant sont 18 % à limiter leurs déplacements en voiture.