Etude de l’association entre exposition aux particules et âge de la ménarche au sein d’une cohorte américaine

by in Actualité 30 janvier 2024

Référence :

R.B. Hood et al. Exposure to Particulate Matter Air Pollution and Age of Menarche in a Nationwide Cohort of US Girls. Atlanta and Boston School of Public Health. Environ Health Perspect 2023 12110

On a constaté aux Etats-Unis que l’âge de survenue des premières règles a été avancé de 3-4 ans au cours du siècle dernier. Ce décalage est préoccupant dans la mesure où la précocité des premières règles est liée à un risque accru de maladies cardio-vasculaires, de diabète et de cancer de l’endomètre et des ovaires. La cause de ce décalage est discutée. On a mis en avant le rôle possible de l’exposition aux perturbateurs endocriniens. Le rôle possible de l’exposition aux polluants particulaires a également été évoqué et a fait l’objet de la présente étude.

Il s’agit d’une étude de cohorte (« Growing Up Today ») basée sur les filles issues d’infirmières participant à la « Nurse Health Study » Les infirmières suivies dans la Nurse Health Study ont donné naissance à 10 917 enfants. Ont été incluses dans la présente étude 5 201 filles nées après le 1er  janvier 1989, date à partir de laquelle les mesures de polluants atmosphériques ont été régulièrement colligées. Cette cohorte a été suivie de 2004 jusqu’au temps présent. Les filles avaient de 10 à 17 ans à l’inclusion. La moitié avaient déjà eu leurs premières règles. Les questionnaires relatifs à la date des premières règles ont été administrés en 2004, 2006 puis 2008. Les données métrologiques ont été obtenues à l’adresse de la mère, adresse qui a été actualisée tous les 2 ans. Ces données ont été obtenues durant la période in utero, durant l’année et les 2 années précédant les premières règles et de manière cumulée depuis la naissance. 

L’âge médian lors des premières règles a été de 12,3 ans. D’une manière générale, les auteurs ont trouvé une corrélation entre l’exposition aux polluants particulaires au lieu de résidence et la précocité de survenue des premières règles. L’association entre exposition in utero et précocité des règles a été de 1,03 (1,0-1,06), tandis que ce risque était de 1,06 (1,02-1,10) pour l’exposition cumulée depuis la naissance. Le taux des PM2,5-10 n’était pas lié à la précocité des règles, contrairement au taux des PM<2,5. 

Dans la littérature, la survenue plus précoce des premières règles a pu être attribuée aux modifications des habitudes alimentaires, à l’obésité ou à l’exposition aux perturbateurs endocriniens. Une nouvelle hypothèse réside dans le rôle possible des polluants particulaires atmosphériques qui pourraient jouer le rôle de perturbateurs endocriniens. Cet effet pourrait être lié aux particules elles-mêmes ou aux composés chimiques, composés organiques volatils ou semi-volatils adsorbés sur ces particules. Ces polluants pourraient intervenir par une action directe sur les glandes endocrines ou mimer l’action des hormones ou encore par leurs propriétés obésogènes.