La qualité de l’air en Europe – Rapport 2019

by in Actualité 26 décembre 2019

Ce rapport de l’Agence Européenne de l’Environnement (AEE) fait le point sur l’évolution de la qualité de l’air en Europe. Plus précisément, il se concentre sur la période 2000-2017. Il évalue notamment les progrès réalisés depuis l’établissement des directives pour la qualité de l’air ambiant en Europe et des valeurs guides de qualité de l’air de l’OMS. Le rapport présente également les derniers résultats de recherche ainsi que l’exposition de l’Homme et des écosystèmes aux principaux polluants de l’air.

Exposition aux PM10 et PM2,5

Concernant les particules, leurs concentrations continuent à excéder les valeurs limites européennes. Pour les PM10 ainsi que pour les particules de diamètres inférieurs, les concentrations excèdent la valeur limite d’exposition quotidienne stipulée dans les directives européennes de 22% des stations de mesure. Cela représente 17 des 28 pays membres de l’Union Européenne et six autres pays hors UE. Si l’on se réfère aux valeurs guides de l’OMS, celles-ci étaient dépassées dans 51% des stations de mesure, soit dans tous les pays hormis la Finlande, l’Estonie et l’Irlande.

Pour les PM2,5, 7% des stations ont mesuré des concentrations annuelles dépassant les valeurs limites fixées dans les directives européennes. Cela représente 7 pays membres de l’Union Européenne et 3 autres pays hors UE. Dans 69% des stations, soit dans tous les pays concernés à part l’Estonie, la Finlande et la Norvège, les concentrations de PM2,5 excédaient les valeurs guides fixées par l’OMS.

Selon ce rapport, l’exposition à des teneurs en PM10 supérieures à la valeur quotidienne limite stipulée dans les directives européennes concernait 17% de la population urbaine européenne. L’exposition à des teneurs supérieures à celles recommandées par l’OMS concernait quant à elle 44% de la population.

En 2017, l’exposition à des concentrations de PM2,5 excédant les valeurs des directives européennes a concerné 8% de la population urbaine européenne. Néanmoins, si l’on se base sur les valeurs de l’OMS, ce pourcentage monte à 77%.

On note une baisse des concentrations de PM2,5 depuis 2006. Cependant, 4 pays de l’UE n’ont toujours pas défini de valeur limite d’exposition à l’échelle nationale. La définition d’une valeur limite d’exposition est pourtant obligatoire depuis 2015.

Ozone

En 2017, 20% des stations (situées dans 17 pays de l’UE et 6 autres pays) ont relevé des concentrations d’ozone (O3) supérieures aux valeurs limites fixées par les directives européennes. Au-delà de ces valeurs, il existe un risque concret pour la santé humaine. Les valeurs guides fixées par l’OMS n’étaient quant à elles respectées que dans 5% des stations. Pour 14% de la population urbaine européenne, l’exposition à l’ozone excédait les valeurs stipulées dans les directives européennes. Si l’on se réfère aux valeurs fixées par l’OMS, ce pourcentage grimpe à 96%.

Dioxyde d’azote

Les stations de mesure ont fréquemment détecté la présence de dioxyde d’azote (NO2), bien que les concentrations continuent à diminuer. Environ 10% des stations ont enregistré des valeurs dépassant celles fixées par les directives européennes ou l’OMS. Ces stations se situaient dans 16 pays de l’UE et quatre pays hors UE. Ceci montre que bien que les concentrations baissent, le dioxyde d’azote reste un polluant très présent en Europe.

Néanmoins, l’exposition annuelle au NO2 tend à baisser. L’exposition annuelle n’a été supérieure aux valeurs limites des directives européennes que pour 7% des citadins européens. Ce chiffre est le plus bas depuis l’an 2000.

Benzo[a]pyrène

31% des stations, situées dans 13 pays de l’UE et principalement en zone urbaine, ont enregistré des concentrations de benzo[a]pyrène supérieures à 1ng/m3 en 2017. En 2017, l’exposition à à des concentrations de benzo[a]pyrène supérieures aux valeurs stipulées dans les directives européennes a concerné 70% de la population urbaine européenne. Ce pourcentage est le plus bas depuis 2008. On peut donc considérer qu’il y a une amélioration au niveau de ce polluant. En comparaison, l’exposition à des concentrations supérieures aux valeurs des directives a concerné 83% de la population totale.

Dioxyde de soufre

Pour le dioxyde de soufre (SO2), seules 21% des stations de mesure ont enregistré des concentrations supérieures au valeurs des directives européennes. Cependant, si l’on considère les valeurs guides de l’OMS, ce pourcentage monte à 43%. Au total, l’exposition à des taux de S02 supérieurs aux valeurs de l’OMS a concerné 31% des citadins européens en 2017.

Monoxyde de carbone et benzène

En ce qui concerne le monoxyde de carbone, l’exposition à des concentrations excédant les valeurs des directives européennes était très localisée et peu fréquente. En effet, seules 4 stations ont enregistré des concentrations excédant ces valeurs. Similairement, seules trois stations ont relevé des teneurs de benzène excédant les valeurs des directives européennes.

Métaux toxiques

Les émissions européennes d’arsenic, cadmium, nickel, plomb et mercure décroissent depuis 2000. Malgré cette diminution, et donc malgré une plus faible exposition, les risques pour l’homme et les écosystèmes demeurent réels. Effectivement, les métaux toxiques se sont conséquemment accumulés dans les sols, les sédiments et les organisme avec les émissions antérieures.

Il convient donc de ne pas négliger les risques liés aux métaux toxiques. Il demeure crucial de travailler à la baisse des émissions de métaux toxiques dans l’air. Cela peut passer par le développement de techniques performantes et la réduction de l’utilisation des métaux toxiques.

Exposition à la pollution de l’air et impacts sanitaires

L’AEE fait aussi le point sur l’exposition de la population européenne à la pollution de l’air. Aujourd’hui, les polluants les plus préoccupants en Europe sont les particules, le dioxyde d’azote et l’ozone. Les impacts de la pollution atmosphérique sont très inégaux selon les personnes. L’exposition à la pollution de l’air a tendance à être plus forte pour les groupes socialement défavorisés. Les personnes âgées, les enfants et les personnes ayant des problèmes de santé y sont pour leur part particulièrement vulnérables. La pollution atmosphérique a également des impacts économiques conséquents (augmentation de la morbidité, baisse de la productivité…).

Selon le rapport de l’AEE, les particules PM2,5 seraient liés à 412 000 décès prématurés en Europe (dont 374 000 dans l’Union Européenne) en 2016. Le NO2 et l’O3 seraient quant à eux respectivement responsables de 71 000 et 15 100 décès prématurés en Europe. Au sein de l’UE, les décès prématurés imputables au NO2 et à l’ O3 s’élèveraient respectivement à 68 000 et 14 000.

Conséquences de la pollution de l’air sur les écosystèmes

La pollution atmosphérique détériore aussi gravement les eaux et les sols. Elle impacte par conséquent directement les écosystèmes qui y vivent. Les polluants de l’air qui ont le plus fort impact sur les écosystèmes sont l’ozone, l’ammoniac et les oxydes d’azote.

En 2017, l’exposition à des concentrations d’ozone excédant les valeurs définies par les directives européennes concernait 15% des terres agricoles de l’UE. Si l’on considère tous les pays d’Europe, ce pourcentage s’élevait à 19%.

D’autre part, l’exposition à des concentrations d’oxyde d’azote critiques a concerné 62% des écosystèmes européens et 73% des écosystèmes de l’Union Européenne. Le rapport de l’AEE pointe finalement l’acidification des sols. En 2017, celle-ci était critique pour 5% des écosystèmes européens et 7% des écosystèmes de l’Union Européenne.

Retrouvez le rapport sur https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2019.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le Bilan de la Qualité de l’air extérieur en France en 2018 et notre résumé.