Le coût sociétal de la pollution de l’air liée à l’industrie en Europe

by in Actualité 26 octobre 2021

L’Agence Européenne de l’Environnement (AEE) a publié fin septembre une note de synthèse sur les coûts de la pollution de l’air liée au secteur industriel en Europe. Ce travail reprend les principales conclusions d’un rapport sur la question rendu public en juillet 2021, qui faisait lui même suite à deux rapports antérieurs sur le même sujet en 2011 et 2014. Les coûts des externalités liées à la pollution de l’air émise par les principales structures industrielles prises en compte dans le rapport incluent les impacts sur la santé humaine, les écosystèmes, les infrastructures et le climat.

En dépit des avancées importantes de l’industrie européenne dans la réduction de ses impacts environnementaux et climatiques, le coût annuel de cette pollution est estimé dans un intervalle de 280 à 430 milliards d’euros. Les gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O) seraient responsables d’environ 200 milliards de ces coûts tandis que les particules et autres polluants de l’air (NH3, NOX, SO2, NMVOCs) représenteraient une fourchette comprise entre 70 et 220 milliards d’euros. La méthodologie employée repose sur une approche par cheminement d’impact des émissions aux dommages par quantité de polluants clés rejetés, en passant par la dispersion des polluants, l’exposition des populations, les impacts, qu’ils soient sanitaires, en termes de risques écologiques ou de perte de récoltes.

L’identification des sources de cette pollution industrielle fait ressortir que sur 11 655 installations industrielles recensées, 211 exploitations sont à elles seules responsables de la moitié des coûts agrégés causés par cette pollution de l’air. Ces installations polluantes sont localisées en Allemagne, au Royaume-Uni, en Pologne, en Espagne et en Italie. Si l’on rapporte ces coûts au PIB comme indicateur de performance environnementale par unité de production, les cinq pays en tête du classement sont l’Estonie, la Bulgarie, la République Tchèque, la Pologne et la Slovaquie. Les centrales thermiques, principalement celles au charbon en Allemagne et Pologne, figurent en haut de la liste des responsables. Les autres secteurs mis en cause sont dans l’ordre : l’industrie lourde, la production et le raffinage de carburant, l’industrie légère ou encore le traitement des eaux usées et des déchets.

L’agence retient que des efforts importants ont été développés dans le secteur industriel européen depuis 2014 et fonde ses espoirs sur le pacte vert pour l’Europe. Ce pacte, présenté en décembre 2019, a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne de 55 % à l’horizon 2030 par rapport aux niveaux de 1990, avec un objectif de neutralité carbone et zéro pollution en 2050. Ces objectifs offrent une opportunité de changement à l’élaboration duquel l’industrie est pleinement associée et à la solution duquel elle est en position de devenir un acteur clé.

Le briefing de l’Agence Européenne de l’Environnement est accessible à cette adresse : https://www.eea.europa.eu/publications/counting-the-costs-of-industrial-pollution/counting-the-costs-of-industrial-pollution