Projections climatiques pour la France métropolitaine à l’horizon 2100

by in Actualité 2 mars 2021

Météo-France a dernièrement rendu public un rapport et un jeu de données réunissant trente simulations régionalisées sur le sujet des projections climatiques en France métropolitaine avec trois horizons temporels,  2021-2050, 2041-2070 et 2071-2100.
Ce travail, publié sur le portail DRIAS (fruit d’un partenariat entre Météo-France, le CERFACS et l’IPSL) s’appuie sur trois scénarios climatiques issus du cinquième rapport du GIEC (2013). Ces trois scénarios (nommés RCP, Representative Concentration Pathways ou Profils représentatifs d’évolution de concentration) sont :

–  le RCP 2,6, se traduisant à terme par une augmentation des températures à l’échelle globale inférieure à 2°C par rapport à la période préindustrielle, seul scénario parmi ceux sélectionnés compatible avec  l’accord de Paris de 2015 sur le changement climatique.

– le RCP 4,5 avec une augmentation de 1,7-3,2°C, pour lequel les émissions se stabiliseraient après des décennies de croissance puis connaitraient une baisse graduelle.

– le RCP 8,5 avec une augmentation de l’ordre de 5°C, conséquence d’une non-régulation des émissions.

Ces scénarios croisés avec trois échelles temporelles et trois valeurs des distributions des résultats  (percentiles 5, 50 et 95) offrent un large éventail des futurs possibles du climat en France.  Nous ne reprendrons ici que quelques éléments des simulations correspondant à l’horizon temporel le plus lointain. La hausse des températures est générale, assez semblable pour les trois scénarios à l’horizon proche (2040), mais se différenciant ensuite, avec 1°C en fin de siècle par rapport à la moyenne 1976-2005 pour le scénario RCP2,6. L’augmentation sera de 2,2°C pour le scénario RCP4,5 et de l’ordre de 4,5° pour le RCP8,5. Dans les deux premiers scénarios, le nombre de jours de chaleur à l’horizon 2100 doublerait pour le premier, et serait multiplié par trois ou quatre pour le second. Le nombre annuel de nuits tropicales (température supérieure à 20°C la nuit) augmenterait aussi, principalement dans la région méditerranéenne pour les scénarios RCP 2,6 et RCP 4,5.
Les vagues de froid pourraient être divisées par deux avec le scénario RCP 2,6 et ramenées à un événement annuel pour les deux autres scénarios, voire moins dans la partie basse de la distribution. Cette baisse serait plus marquée dans les régions actuellement les plus froides comme l’Est de la France et les zones montagneuses. Les épisodes de pluies extrêmes seraient à la hausse pour les trois scénarios avec une moitié nord du pays plus impactée, notamment le littoral de la Manche et les frontières du Nord-Est.
Le phénomène de sécheresse estivale serait stable, voire présenterait une légère diminution avec le scénario RCP 2,6 alors qu’on observerait une augmentation de 5 et 10 jours respectivement pour les scénarios RCP 4,5 et RCP 8,5. Concernant les vents forts, l’incertitude demeure selon les données mais les probabilités indiquent un renforcement dans la moitié nord et un affaiblissement dans le sud du pays.

Le scénario RCP 8,5 est celui qui a braqué les projecteurs sur la publication de ce rapport. A l’échelle du territoire national ce scénario se traduirait, à la fin du siècle, par une hausse du nombre de canicules multiplié par un facteur entre 5 et 10, ce dernier chiffre pour la distribution la plus extrême des simulations. Les vallées du Rhône et de la Garonne, le pourtour méditerranéen seraient les principales zones concernées. Les épisodes de sécheresse seraient aussi exacerbés, notamment dans le sud-ouest. Les précipitations seraient en baisse de 10 à 20% l’été et à l’inverse plus importantes de plus de 10% en hiver. Les saisons hivernales pourraient d’ailleurs ne pas connaître de vague de froid et les gelées devenir quasi-inexistantes. Enfin l’augmentation du nombre de nuits tropicales s’étendrait sur tout le territoire et atteindrait le nombre de 30 à 50 par an.

On peut rappeler le caractère extrême et très hypothétique de ce scénario, supposant une absence totale de régulation des émissions, alors que de nombreux pays sont déjà engagés dans des démarches en ce sens. Une inconnue demeure, le rôle de phénomènes non anthropiques, incendies (méga-feux) ou libération de méthane via la fonte du permafrost qui est aujourd’hui encore difficilement quantifiable.

Ce rapport du DRIAS offre, dans le large éventail des perspectives qu’il dessine, ample matière à réflexion sur les configurations à envisager et les  décisions à préparer et à prendre tant en termes d’adaptation que de réduction des émissions face à l’amplification à venir du changement du climat.

L’ensemble de ce rapport est consultable à cette adresse : http://www.drias-climat.fr/accompagnement/sections/296