Rapport du Haut Conseil pour le climat sur la maîtrise de l’empreinte carbone en France

by in Actualité 4 novembre 2020

Créé en 2018, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) est une instance consultative indépendante qui a pour but d’éclairer l’action de l’Etat dans le domaine du changement climatique et des émissions de gaz à effet de serre, en relation avec les engagements internationaux de la France et en particulier l’accord de Paris. Après son rapport annuel de juillet 2020, le HCC a rendu public début octobre un premier rapport sur la question de la maîtrise de l’empreinte carbone de la France.

Ce rapport est la réponse du HCC à la question que lui avait soumis le gouvernement d’évaluer l’empreinte carbone des produits importés par la France et d’étudier la façon de la réduire efficacement. Celle-ci faisait suite aux recommandations du HCC dans son rapport annuel 2019 d’intégrer les transports internationaux dans les objectifs de réduction des émissions de la France, de développer des mesures supplémentaires ainsi qu’une stratégie pour réduire l’empreinte carbone française. L’élaboration du rapport a conduit à engager une réflexion méthodologique approfondie sur ces émissions et l’analyse de leurs principaux déterminants.

Le HCC a donc choisi de replacer la question de l’empreinte carbone de la France dans le cadre des émissions des transports internationaux. Celles-ci incluent les émissions importées, les émissions exportées et les émissions des transports internationaux eux-mêmes. Ces trois composantes sont considérées comme en partie de la responsabilité de la France mais ne sont pas inclues dans le périmètre de ses engagements climatiques actuels.

L’empreinte carbone est la somme des émissions directes des ménages, des émissions de la production intérieure hors exportation et des émissions importées. En 2018, l’empreinte carbone française s’élevait à 749 millions de tonnes équivalent CO2, soit 11,5 tonnes équivalent CO2 par individu. Les émissions territoriales correspondaient à 445 Mt équivalent CO2 (soit 6,7 t éqCO2 par personne). L’empreinte carbone de la France est donc environ 70% plus élevée que ses émissions territoriales. Elle connaît une diminution depuis 2005, mais cette diminution masque des évolutions contrastées. En 2018, on observait une baisse de 30 % des émissions liées à la demande intérieure française produites sur le territoire national par rapport à 1995, et, sur la même période, une augmentation de 78% des émissions importées avec un total de 425 Mt éqCO2. Cette évolution est à rapprocher de celle des transports internationaux, relativement stable depuis 2010, l’augmentation des émissions aériennes étant compensée par la diminution des émissions maritimes, et celle des émissions exportées, couvertes par les budgets carbones existant car comprises dans l’inventaire national, stables également.

Cette croissance des émissions importées appelle une analyse affinée des facteurs qui en sont à l’origine. Les émissions importées résultent de l’importation de biens et services produits à l’étranger et consommés sur le territoire français. Leur évolution reflète la hausse de la consommation et des importations venant de nos partenaires, essentiellement européens, mais aussi extra européens (Chine, États-Unis). Cette hausse des importations est largement liée à l’ouverture des marchés internationaux depuis les années 1990, et à l’éclatement des chaines de valeur qu’elle a entrainée. Concernant les émissions importées, qui représentent 47 % de l’empreinte carbone, celles-ci sont liées pour 18 % aux pays de l’Union Européenne, pour 18 % à la Chine et pour 17 % au reste de l’Asie. Le rapport analyse ensuite plus en détail en fonction des localisations et des filières, l’origine des émissions ainsi que leur répartition en fonction des structures de consommation en relation au niveau de vie.

Pour diminuer ces émissions importées, le rapport préconise des stratégies de réductions quantifiées et un accompagnement des entreprises à ce sujet. Le rapport cite les Science Based Targets qui offrent un cadre aux entreprises pour mettre en place des objectifs selon un budget carbone défini. L’initiative ACT, qui doit permettre d’évaluer les stratégies de réduction d’émissions des entreprises est également présentée. Enfin la mise en place d’un « score carbone » qui engloberait la durée de vie d’un bien, de sa production à son éventuel recyclage est aussi évoquée afin de changer les habitudes de consommation.

Vous pouvez retrouver ce rapport ainsi que les documents complémentaires : https://www.hautconseilclimat.fr/publications/maitriser-lempreinte-carbone-de-la-france/
Et si vous souhaitez plus d’informations sur la notion d’empreinte carbone et estimer la vôtre : https://www.footprintcalculator.org/