Synthèse du rapport Datalab « Chiffres clés du transport 2020 »

by in Revue 3 avril 2020

En ces jours de confinement qui montrent le poids de la mobilité perdue dans les émissions de polluants, il n’est pas inutile de regarder en détail ce que comporte le secteur des transports qui représente 31 % de la consommation énergétique finale française (hors production d’énergie). Sans oublier le poids économique essentiel de ce secteur tant en valeur qu’en nombre d’emplois.

Quelques rappels sur les externalités induites par ce secteur

Les transports, avec 137 Mt CO2 eq, restent, et ce depuis 1998, le secteur qui émet le plus de gaz à effet de serre. En 2018, les transports représentent 31 % des émissions nationales de GES, une contribution relative plus forte qu’en 1990 (23 %).

Le transport routier est le mode de transport le plus émetteur de polluants dans l’air : il représente entre 75 et 100 % de l’ensemble des émissions des transports selon les polluants. Entre 1992 et 2017, les émissions d’oxydes d’azote (No) et de plomb (Pb) ont fortement baissé (respectivement – 4,0 % et – 13,0 % par an en moyenne), grâce au renouvellement du parc et à l’introduction des pots catalytiques. Le zinc (Zn) se stabilise et le cuivre (Cu) amorce une très légère baisse en 2017 par rapport à̀ 2016. Les polychlorodibenzo-p-dioxines et furanes (PCDD-F) sont en forte baisse depuis 2012 (8,0 % par an en moyenne annuelle).

La consommation énergétique baisse tendanciellement pour l’ensemble des secteurs d’activité́. Si la consommation énergétique du secteur des transports baisse entre 2003 et 2008 (- 0,4 % par an en moyenne), elle croît entre 2013 et 2018 (+ 0,2 % par an en moyenne).

En revanche, en termes de santé publique, la diminution du nombre d’accidents occasionnant des blessés est une bonne nouvelle.

Les dépenses des ménages liées aux véhicules individuels (y compris assurance) représentent 83,5 % de la valeur des dépenses en transport qui représentent environ 15% des dépenses totales. Les dépenses pour le transport ont progressé́ au total de 2,4 % en euros courants en moyenne annuelle depuis 2003. Les achats de véhicules et les dépenses de carburants progressent respectivement de 1,4 % et 2,5 % en valeur par an en moyenne sur la même période. Les achats de services de transport ont augmenté́ de 3,8 % en moyenne annuelle depuis 2003 et représentent 16,5 % des dépenses de transport des ménages en 2018.

Peut-on voire des évolutions qui montrent l’influence de l’accord de Paris ou des efforts d’adaptation effectués ?

Dans les villes, le réseau de transports en commun a augmenté avec un effort net consenti en faveur des tramways dont le nombre et la fréquentation se sont accrus. Cependant, le nombre de voyageurs transportés par le transport collectif urbain  a ralenti son rythme de progression (0,7 % entre 2017 et 2018).

Entre 2007 et 2017, le parc des métros, RER et tramways a augmenté́ de 24 % en France (+ 12 % en Ile-de-France et + 38 % en province). Cette évolution est portée par l’expansion du réseau de tramways : le nombre de rames a plus que triplé en Ile-de-France et s’accroît de 55 % en province sur cette période.

La circulation des métros (+ 0,5 % par an en province et + 0,8 % par an en Ile-de-France) et des bus (+ 0,8 % en moyenne annuelle en Ile-de-France entre 2008 et 2018) s’est accrue depuis 2008, tandis que celle des RER baisse de 0,7 % en moyenne annuelle. La circulation des tramways a été́ multipliée par 3,1 en Ile-de-France en dix ans et par 1,5 en province.

Le transport collectif urbain (TCU) représente 45 milliards de voyageurs- kilomètres, soit 25 % du transport collectif. Il progresse de 0,7 % entre 2017 et 2018, à un rythme nettement inférieur à̀ sa moyenne annuelle depuis 2013 (+ 1,8 %). La part des voyageurs-kilomètres réalisés en Ile-de-France et en province reste stable, respectivement 74,8 % et 25,2 %.

L’adaptation de la moyenne montagne au changement climatique se traduit par une diminution de la progression des installations de remontées mécaniques. Entre 2003 et 2018, le parc des remontées mécaniques diminue de 19,8 % (soit un rythme de – 1,5 % par an en moyenne). Cela est dû en grande partie à̀ la baisse prononcée, de 26,6 %, des installations de téléskis entre 2003 et 2018 (- 2,0 % en moyenne annuelle).

A contrario

Le transport aérien intérieur (France entière) poursuit son augmentation en 2018 (+ 3,4 %), à un rythme près de deux fois plus élevé́ que sa croissance annuelle moyenne depuis 2013 (+ 1,9 %). Cette hausse est portée par les liaisons avec l’outre-mer (+ 10,1 %) et les liaisons transversales (+ 9,9 %).

Le nombre de croisiéristes a été multiplié par 2,4 en dix ans, passant de 1,9 millions de passagers en 2008 à 4,4 millions en 2018, soit + 9,0 % en moyenne chaque année. L’activité́ de croisière est particulièrement dynamique en Méditerranée, qui représente 67,6 % des croisiéristes en France.

Quelles sont les principales évolutions ?

Les parts modales restent stables.

La circulation routière progresse de 9,7 % entre 2008 et 2018, soit + 0,9 % en moyenne par an. Elle augmente principalement sur les autoroutes (+ 14,2 % en dix ans, soit + 1,3 % par an en moyenne) et sur les routes départementales et communales (+ 8,5 % en dix ans, soit + 0,8 % par an en moyenne). En 2018, la circulation est stable (0 %) par rapport à̀ 2017. Depuis 2008, la circulation des trains a fortement baissé. Le trafic de marchandises a fortement baissé (- 3,9 % par an en moyenne), celui des trains de voyageurs a baissé́ de 1,4 % par an en moyenne (- 0,8 % en moyenne par an entre 2008 et 2017 et – 7,0 % en 2018 en raison des grèves à la SNCF). Avec près de 100 milliards de voyageurs-kilomètres, le transport ferroviaire représente 53 % du transport collectif. Il repart à la baisse et diminue de 3,0 % en 2018 par rapport à̀ 2017, alors qu’il avait augmenté́ en moyenne annuelle de 0,4 % depuis 2013. Cette diminution entre 2017 et 2018 est due à̀ presque tous les segments : à grande vitesse (- 1,8 %), interurbains (- 23,4 %) ainsi que les trains et RER d’Ile-de-France (- 1,6 %).

La baisse conjoncturelle du transport ferroviaire ainsi que l’augmentation du prix du carburant (qui pénalise le transport en véhicules particuliers) bénéficient au transport collectif routier, et notamment au transport en autocars « Macron » qui croît de 19,2 % entre 2017 et 2018.

Avec 369 milliards de tonnes-kilomètres (dont 12,4 milliards par oléoducs), le transport intérieur terrestre de marchandises est en hausse en 2018 par rapport à̀ 2017 (+ 2,2 %). En 2018, le transport routier intérieur de marchandises, mesuré en tonnes-kilomètres, augmente de 2,9 % sur un an en France métropolitaine. Il s’agit de la troisième hausse consécutive après 2016 (+ 2,5 %) et 2017 (+ 6,7 %). Il est ainsi passé de 282 milliards de tonnes-kilomètres en 2015 à un peu plus de 317 milliards en 2018, soit + 4,0 % par an en moyenne.

Cette évolution fait suite à̀ la période 2009-2015 durant laquelle l’activité de transport routier intérieur a été́ relativement stable. Précédemment, on avait déjà̀ connu une période de hausse de 2003 à 2007 (+ 3,5 % en moyenne annuelle).

Le transport ferroviaire de marchandises baisse fortement en 2018 (- 4,2 %), en raison des mouvements sociaux du deuxième trimestre, après une hausse de 2,7 % en 2017. Il baisse en moyenne de 2,3 % par an entre 2008 et 2018.

Conclusion

Le transport représente un tiers des émissions de CO2 du pays. La baisse de la fréquentation des trains profite au trafic routier, véhicules individuels ou poids lourds dont l’activité est liée à la consommation d’énergies fossiles. Certes, la consommation énergétique de ce secteur est en baisse mais les chiffres présentés montrent, globalement, un effet rebond puisque les efforts effectués sur la maîtrise des émissions correspondent à une augmentation du trafic. Le mouvement en faveur de l’investissement des villes en faveur des transports en commun semble se ralentir tandis que le trafic aérien et les croisières augmentent. Autant de mauvaises nouvelles pour la maîtrise du CO2 et du climat.


Références : Sarron C. (dir.), 2020 : Chiffres clés du transport – Edition 2020. [En ligne]. Commissariat général au développement durable. 92 p. Disponible sur : <https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2020-03/datalab-66-chiffres-cles-transport-edition-2020-mars2020.pdf >.